Un projet artistique et scientifique : “Portraits cellulaires” de Laurence Graffensttaden

Quand la science révèle l’invisible, l’art lui donne une voix.
Les cellules humaines et végétales deviennent images, puis musique — mêlant art, science et technologie pour éclairer le vivant qui nous relie les uns aux autres et à la nature.

Et si le vivant pouvait devenir une œuvre d’art — et l’invisible se transformer en émotion ?
C’est la vision qui porte Portraits cellulaires, un projet du duo d’artistes Laurence & Graffensttaden, enrichi d’une dimension sonore originale créée en collaboration avec le compositeur Simon Choini (Université de Montréal) et la chercheuse Katia Djerroud.

L’aventure commence par un geste simple : un prélèvement de salive. Grâce à la coloration de Papanicolaou et à une microscopie de pointe, les cellules humaines se révèlent en images vibrantes, colorées, singulières. Chaque participant apparaît alors sous la forme d’un « portrait cellulaire », abstrait mais profondément intime, célébrant ce qui nous rend à la fois semblables et uniques.

Mais le projet dépasse désormais le corps humain. En intégrant des images microscopiques de cellules végétales, Portraits cellulaires fait dialoguer matière humaine et matière végétale — révélant l’étonnante proximité de nos formes, de nos motifs et de nos rythmes. Le vivant devient une toile commune.

À cette œuvre visuelle s’ajoute une exploration sonore innovante. Simon Choini développe une sonification des données cellulaires humaines et végétales, transformant des caractéristiques comme la taille, la forme, la luminosité ou la couleur en paramètres musicaux. En collaboration avec Katia Djerroud, doctorante en intelligence artificielle et analyse des émotions, il utilise un logiciel capable d’extraire automatiquement les informations microscopiques et de les convertir en sons.

Le résultat : des créations audiovisuelles où l’observation scientifique rencontre l’interprétation artistique, et où les frontières entre espèces s’estompent.

Dans l’esprit des idées d’Édouard Glissant sur la créolisation et le « Tout-Monde », le projet invite à repenser notre rapport au vivant, à la diversité et à nos identités multiples — humaines et plus-qu’humaines. Il rappelle que la différence ne sépare pas : elle relie.

Conçu à l’origine avec l’Institut du Monde Arabe dans le cadre de La classe, l’œuvre !, Portraits cellulaires ouvre aujourd’hui de nouvelles voies : fusionner cellules humaines et végétales, rapprocher Orient et Occident, et créer des œuvres porteuses de dialogue, d’espoir, de responsabilité écologique et de nouvelles formes de sensibilité au vivant.